Aujourd’hui c’est la journée d’acclimatation, que nous
transformons en journée : « Stop à la frustration culinaire ».
En effet après une grasse mat, une balade de 2h à 3900m pour admirer un
magnifique lac de montagne (où il y avait encore un glacier, il y a 70ans, mais
qui recule à vue d’œil) nous prenons d’assaut la première boulangerie du trek
(ils ont tout compris au business) pour se faire 3 crumbles aux pommes puis
nous craquons sur du pain à l’ail pour manger un des pâtés, envoyés par maman,
suivis de morceaux de fromage de yak (entre le comté, le beaufort et le gouda).
Bref, nous sommes heureux et dé-frustrés mais le repas du
soir nous remet vite dans le droit chemin : des spaghettis trop cuits dans
une sauce blanche écœurante. Pas grave, nous nous endormons avec le souvenir
très proche de saveurs familières. Demain nous reprenons la route pour dormir à
plus de 4000m, le col approche …
Ce n’est plus le moment de faire n’importe quoi, à chaque
faux pas le mal des montagnes peut nous surprendre à partir de maintenant, et
cela nous obligerait alors à faire demi-tour. Nous avançons alors doucement, un
pied devant l’autre, sans se presser, l’objectif étant de tenir dans la
longueur sans s’essouffler. On boit beaucoup (résultat Mauricette et moi,
sommes parfois obligées d’oublier notre côté pudique en plein milieu de la
montagne… on espère que la vue de sommets à 8000m attiraient plus la vue que 2
fessiers cachés derrière des buissons de quelques cms.), on dors la tête
surélevée, on s’oblige à toujours monter plus haut que là où l’on va dormir
pour passer la meilleure nuit possible et on mange de l’ail, beaucoup d’ail
(remède local contre les maux d’altitude).
Nous arrivons ainsi à 4500m sans encombre, la veille de
l’ascension finale. Tout le monde se sent opérationnel, nous décidons donc de
pousser jusqu’à 4900m pour dormir au High Camp et ainsi partir le plus tard
possible cette nuit. Doucement le stress commence à monter chez Mauricette, qui
à perdu l’appétit. Bille en tête, nous savons déjà qu’il est hors de question
de lui parler de repos ou de redescente. C’est quasi le ventre vide, qu’elle
attaquera le col, demain matin.
5h du matin, frontale sur le nez, nous partons pour cette
fameuse journée qui nous tient en haleine depuis quelques jours. Une heure plus
tard, nous sommes à 5000m (quoi 100m en une heure, merde il en reste encore
400 !). Mauricette ne dit rien et continue sa lente ascension, toujours un
pas devant l’autre, sans broncher, avec cette lueur de battante dans les yeux.
Pause pour boire… merde, l’eau à geler dans les gourdes… on mangera donc des
chocolats à la place.
5100m, on voit des gens qui commencent à se sentir mal
autour de nous et qui finirons à dos de poney…
5200m, le guide nous dit « ici un italien est mort
d’hyperventilation, il y a quelques années ». A quel point est-ce psychologique,
mais luc commence à se sentir patraque, les jambes vacillent un peu, le sac se
fait lourd, et il commence à voir quelques étoiles. Notre guide ne semble
pourtant pas très inquiet, cela à plus l’air de ressembler à de la fatigue.
Pour le coup, les 5 mois du tour du monde sont surement un bon entrainement,
car Célia poursuit la montée sans encombre, appliquant à la lettre les
basiques de la montagne, qu’elle apprend à découvrir, jour après jour, depuis
le Mont Meru (cf. Tanzanie).
5300m, allez il faut continuer à avancer car à partir de
8h30, des vents violents et glaciales soufflent sur le col. Nos 2 porteurs,
viennent récupérer les sacs à dos de Luc et Mauricette et on continue, toujours
un pied devant l’autre, dans cette poussière qui nous accompagne depuis le
début du trek. Un coréen respire comme un bœuf et s’arrête tous les 2 pas, on a
peur de ne pas le revoir de l’autre côté du col.
Et là nous apercevons les drapeaux de prière, qui annonce
l’arrivée à 5416m. C’est main dans la main que Célia voit arriver les 2
loulous. Explosion de joie et stress de l’échec qui redescend. Nous prenons la
pause pour immortaliser le moment et il faut déjà repartir… Au revoir les monts
enneigés qui culminent entre 7000 et 8000m et merci de nous avoir escortés à
bon port…
La descente se fait dans un cadre magnifique : les
montagnes du Mustang, aridité, caves troglodytes, un 360° de vue saisissante,
on oublie tout, le mal de tête de certains, le mal de genou des autres, la toux
qui n’avait jamais cessée, la fatigue qui commence à se faire ressentir …
Bref, le trek s’achève et nous prenons le bus pour rentrer
sur Pokhara, les paysages défilent, les femmes coupent les herbes des rizières,
les hommes battent le riz, nous apercevons quelques bateaux de rafting, et la
survient l’épreuve du passage de rivière en bus … Ah le bus n’avance plus, il
ne recule plus non plus, normal on est embourbé ! 1h30 d’effort pour
pousser le bus dans un sens ou dans l’autre, les pieds dans l’eau glacée, et c’est
finalement un autre véhicule qui nous apportera le salut.
Nous pouvons enfin rentrer, les images plein la tête, la
satisfaction d’avoir réussi notre challenge, le bonheur d’avoir fait ça tous
les 3 (merci les copains), et l’envie de recommencer l’aventure très vite…
le fameux lac de montagne
Crumble et autres délices culinaires
il fait chaud (ou pas)
Au sommet
Vers le mustang
Le Dal Bhat (plat traditionnel Népalais)
3 commentaires:
Moi je crois pas que j'aurai pu faire tout ça, même avec 1 an d'entraînement...
Chapeau bas!
PS: heu... c'était quoi la devinette du guide???
Whouhou énorme le reportage par chacun, on sy croirait ! un petit faible pour la nuit entourée de sacs poubelles avec le bruit des urinateurs ! mouhaha une nuit mémorable jimagine
salut celia tu es très courageuse de faire ce tour du monde, les photos sont magnifiques, bon courage et à très bientôt. bisous.
sonia :)
Enregistrer un commentaire