jeudi 29 novembre 2012

Bilan du Népal


De notre chambre d’hôtel (grand luxe car salle de bain dans la chambre avec eau chaude) à Katmandou nous faisons le bilan sur nos 34 jours passés au Népal (oui Luc avec  l’écran sur les genoux :-).
Nous en rêvions et nous n’avons pas été déçu par les paysages à couper le souffle qui se sont offerts à nous…cependant Katmandou et les quelques grosses régions aux alentours sont très/trop courues, il est donc plus difficile de s’isoler et l’afflux « massif » de touristes se ressent parfois sur la sincérité de l’accueil et sur les prix (après le Kirghizstan nous commençons à faire la fine bouche ;-). Bref le Népal est beau, propose des treks et des ascensions splendides tout en vous baignant dans une culture à mi chemin entre l’Inde et le Tibet et malheureusement pour nous les gens le savent… ;-)

Ce qu’on a aimé :
  • -          La facilité et la possibilité d’organiser des treks et ascensions en haute altitude
  • -          Côtoyer « facilement » quelques uns des géants du monde (les autres possibilités d’observer les plus de 8000m sont soit le Pakistan – moins simple, soit l’est de la Chine)
  • -          Le fait de pouvoir partager un petit bout de chemin (plus ou moins long) avec Tom, JP, Mauricette, Luc , François et Marie
  • -          Pour Mika : le Dal Bhat (plat national servi à volonté !)
  • -          Le cours de cuisine
  • -          Le fait de découvrir à chaque coin de rue ou sur chaque bout de montagne un brin de culture avec les stuppas, les temples, les moines, etc.
  • -          L’émotion ressentie au sommet de nos ascensions respectives, et à chaque passage de col
  • -          Retrouver un peu de bouffe occidentale à Katmandou (après 5 mois ca manque – spécial dédicace au pâté et foie gras envoyé par la family)
  • -          Namo Bouddha et ses 300 moines
  • -          La variété des paysages sur un pays pas si grand que ça (l’altitude varie de 60 mètres dans le Téraï à 8.848 mètres avec le Mont Everest)


Ce qu’on a moins aimé :
  • -          L’exploitation des porteurs par les agences (principalement locale)***
  • -          L’afflux touristique qui désenchante certains treks
  • -          Le coût élevé des treks (entré des parcs, permis d’ascension, etc.)
  • -          Les gens qui crachent toute la journée et de façon la plus bruyante possible
  • -          La pollution et le bruit incessant des klaxons à Katmandou
  • -          Les constructions qui s’intègrent peu au paysage (dur quand le paysage est joli)
  • -          L’absence / impuissance des pouvoirs publics, ce qui n’est pas de très bonne augure pour éviter que le pays soit davantage défiguré dans les années à venir


*** Pour économiser quelques malheureux dollars certaines agences chargent à outrance les porteurs (nous avons observé jusqu’à 80kg) ou emploient des très jeunes. Si vous avez l’occasion de faire appel au service d’un porteur directement ou indirectement, pensez à faire valoir et à faire appliquer vos convictions ;-)



Comment faire perdre du poids à sa compagne (qui n’en a en fait pas du tout besoin)


  • 1ère étape : prévoir un trek de 7/8 jours en altitude
  • 2ème étape : motiver votre compagne pour ne prendre ni guide ni porteur – ainsi elle devra porter elle-même son sac à dos rempli d’affaires utiles et inutiles
  • 3ème étape : oublier de prévoir dans le budget l’entrée du parc – ce qui aura pour effet de réduire d’environ 1/3 le budget finalement disponible. L’hébergement n’étant pas optionnel vous pourrez ainsi diminuer sensiblement le budget disponible pour la nourriture
  • 4ème étape : dès le premier jour et après 8h de bus motivez la pour commencer le trek tout de même : « Non promis t’inquiète on ne va pas très loin, on s’arrêtera au premier lodge ». Avec un peu de chance, vous aurez comme moi l’opportunité de lui faire marcher l’intégralité de la première journée au pas de course tous les lodges intermédiaires étant en fait fermés
  • 5ème étape : lors d’une journée où le temps n’est pas au beau fixe, supprimez lui le repas de midi pour terminer au plus tôt l’étape du jour et ne pas risquer la pluie…surtout si au final il ne pleut pas une seule goutte
  • 6ème étape : une fois que vous êtes sur cette lancée, proposez lui de faire 2 trek à la suite au lieu d’un, sans pour autant augmenter le nombre de jour
  • 7ème étape : prévoyez les croissants sur le retour car vous  n’êtes pas un gougeât non plus


Comme expliqué dans le paragraphe précédent nous avons enchainé le trek de Goisankund avec le trek d’Hélambu qui nous a permis de rejoindre à pied la région du Langtang à Kathmandou.

La première journée a été effectuée au pas de course pour arriver avant la nuit (1400m de dénivelé positif en 3h30 au lieu de 6h prévues avec une pointe parcourue en 30 minutes au lieu de 2h)

La deuxième journée monte tout autant mais est réalisée bien plus tranquillement dans un paysage superbe dans le massif du Langtang et ses environs




La troisième journée est le point d’orgue du trek avec un passage de col à 4600m et une randonnée superbe qui nous fait longer les lacs du Gosainkund sous un grand soleil. La redescente du col est un peu plus speed car les gros nuages qui viennent à notre rencontre nous obligent à forcer le rythme





La quatrième journée, après une nuit qui ressemble à la nuit de l’horreur (cf. tour des Annapurna), et après le passage d’un col intermédiaire, nous fait redescendre sur le trek d’Hélambu et sur une région plus basse en altitude où nous commençons à marcher à travers les sapins et les bambous

La cinquième journée est une succession de descente abrupte qui se terminera dans un lodge improvisé avec lit en planche de bois, hauteur de plafond à 1m70, chèvre au milieu du salon, mamie gémissant à l’étage…une des nuits les moins cher depuis notre départ (50 centimes par personne qui dit mieux ?) pas des plus agréables mais chez des gens adorables

La sixième journée nous force à passer par la foret des brigands où nous ne rencontrerons en fait que de vieux brigands retraités ou de jeunes écoliers futurs brigands tout aussi peu agressifs les uns que les autres

Nous rentrons ainsi à Katmandou avec 2 jours d’avance ce qui nous permettra de prendre une douche et de faire une lessive avant de repartir pour de nouvelles aventures en Asie du Sud Est







mardi 20 novembre 2012

Une semaine de garderie


Histoire de se reposer entre 2 treks exigeants, nous sommes parti 5 jours en trek dans la région entourant Katmandou. Un petit itinéraire confortable (nuit et repas en lodge) qui ne nécessite pas de porteurs (bravo  à célia qui pour la première fois à porter tout son équipement même en étant malade) et qui n’aurait normalement pas nécessité de guide (si ne n’on s’était pas dit que l’on allait faire un peu de social). Le trajet emprunté (prévoir entre 3 et 6/7 heures de marche par jour) passe par les points suivants : Sundaridjal – Chisapani – Nagarkot – Dulhikel – Namodubbha – Panoti.

Fait marquant 1 : notre guide s’est révélé être un enfant dont la garde était parfois un peu pénible.

Fait marquant 2 : nous avons pu assister à une cérémonie bouddhiste ou environ 300 moines entonnaient en cœur et en musique leurs prières : ça vous prend aux tripes !

Fait marquant 3 : le trek passant par de nombreux villages, il permet de se faire une bonne idée du quotidien d’un foyer népalais moyen (en dehors de l’image du népalais, guide, porteur et bouffeur de montagne)

Fait marquant 4 : après le car scolaire, l’arrière d’un pick-up et la benne d’un camion, nous venons d’inaugurer un nouveau moyen de transport : le toit d’un bus 










Comment cuisiner MoMo


Au détour d’une balade en ville, nous sommes tombés sur un cuisinier népalais parlant anglais et acceptant de nous enseigner quelques unes de ces recettes le temps d’une belle matinée / déjeuner.

Pour information et pour ceux qui les connaissent, Luc et Maurice savent désormais cuisiner les MoMo, le poulet Masala, les Chapatis et le barata . Ils n’ont donc aucune excuse pour vous refuser une demande d’invitation à déjeuner quelques spécialités népalaises qui constituent un repas complet et équilibré.








lundi 19 novembre 2012

Ascension du Mera Peak – écrit par Tom



Jour 1 : Aeroport de Katmandou, 1200m, 6h du mat
- « You have to pay 30 euros extra weight for luggage »
- “ Yes, Yes but no, we will not pay, Bye”
- Ca passe, à ne pas tenter à Roissy.
Arrivé à Lukla,2800m, 11h. Atterrissage easy du pilote sur une piste de montagne (comprendre très courte et inclinée à 20 degrés.)
- « Mais ca caille ici, what the fuck ! J’ai failli arriver en short T-shirt ici en me disant qu’à cette altitude ça irait, hé bien c’est perdu »
Lodge a Chutanga, 3200m.
- « Merde il neige, maintenant il grêle, oh lala on va douiller pour la suite ». Tout le monde stress un peu pour son niveau d’équipement.

Jour 2 ; col de la muerte, 4500m, 10h
- « hhh…hhh…hé…hhh…hhh…on…sent…hhh…hhh…bien l’altitude…hhh…hhh…hein ? » Montée ultra casse gueule sur un chemin verglassé de face nord. Pas de bobo, ouf !
Lodge à TuliKharka, 4400m, 15h
- « VROBILLOU MOUCHESYIOU3
- « TIGONA VLIDOSKA »
- « VLADIVSKY »
On comprend vite que l’on partage le lodge avec 12 russes, qu’ils ne sont pas discrets, et qu’ils sont content d’être sur le retour du Mera Peak avec 6 sur 10 du groupe au sommet.



Jour 3.
On redescend à 3700m, on retrouve un peu de chaleur, la tête bourdonne moins pour JP est Thomas (Mick est de toute façon mieux acclimaté). C’est top mais la descente fera moins plaisir d’en l’autre sens (pente vertigineuse par moment). Joie pour monsieur P, il n’est plus constipé.



Jour 4.
RAS, monté à 4400m, il fait froid, la tête va bien. 2 jours de repos prévus par le programme sont supprimés par nos soins pour se garder plus de marge pour l’ascension.



Jour 5.
Arrivé à Kharé, 5000m. Dernière étape avant le départ pour le sommet qui se fait normalement en 3 jours.
- Premier jour : Kharé – Mera la 5400m
- Deuxième jour : Mera  la – High camp 5800m
- Troisième jour : High Camp – Mera Peak 6476m puis Kharé 5000m
- Les nuits se feront en tente
Notre guide d’altitude : « tomorrow you rest here, acclimatation. Day after tomorrow go directly High Camp, and after summit then Kharé. Bad weather coming, must be quick. 3 days climb, bad weather no climb, so climb 2 days.” Ca tombe bien je me disais que c’était trop simple sinon.

Jour 6. Repos
Précision, à cette altitude se brosser les dents, rentrer dans son duvet, aller aux toilette, tout ca suffit à nous essouffler, ca va être fun demain…



Jour 7. Monté au High Camp
C’est parti pour les crampons piolets. Quelques passages où il faut faire attention mais rien de trop méchant. Le Lothsé, puis l’Everest surveillent notre grimpette. Mick et Tom sont en formes au camp, JP a plus forcé dans la monté et se repose. Dur de manger, pas d’appétit, on se force il faut stocker de l’énergie pour demain.
Respect aux porteurs qui montent la, sans baton et avec 30kg sur le dos.





Jour 8, 5800m, 2h du mat.
« Wake up ! »
- Tom  « Who putain j’ai du dormir 3h »
- Mick «  Whao, ma meilleur nuit depuis longtemps »
- JP « ca va »
Un bol de cornflakes au sucre sans lait, du thé. Préparation, ne rien oublier, que tout soit accessible, pratique, les lunettes de soleil la, les barres de céréales ici, etc.
« tu pars avec toutes tes couches ? » « je sais pas encore je vais aller voir dehors » « PUTAIN DE BODRIER DE MERDE MAL BRANLE QUE J ARRIVE PAS A ENFILER »
3h30. Départ
On a pas été bon sur le démarrage. 5 cordées sont devant nous, on est les derniers. 
4h30. Pause
Tom a une grosse envie de vomir. Doute…Peut-être la fin pour lui à la limite des 6000m. Non. La nausée passe, la marche reprend. Déjà une cordée de dépassé.
5h. Nouvelle cordée rejointe. Ca va pour nous, c’est dur mais ca va. Même si l’on monte très doucement, on double tout le monde « pardon on est pressé apparemment » « tu ne vois pas qu’on va plus vite que toi, laisse passer ! »
6h30. Sommet en vue, encore un raidillon de 50m, puis une montée sur une corde fixe et on y sera. Sur les derniers metres, 3 pas «  hhh….hhhh….hhhh….hhhh… », 3 pas «  hhh….hhhh….hhhh….hhhh… », 3 pas «  hhh….hhhh….hhhh….hhhh… », 3 pas «  hhh….hhhh….hhhh….hhhh… »
7h. "RAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH" . JP atteint le sommet suivi de Toms puis de Mick. Embrassade, félicitation…on y est tout les 3, 6500m. Mick et Tom ont les larmes aux yeux, JP reste placide (l’habitude très certainement ;-)
Il fait froid…moins 35 degrés nous dit le guide mais ça semble tout de même exagéré. On aura rattrapé toutes les cordés sauf une.
La descente du glacier est superbe. On cligne de l’œil au 8000m du coin. On est ému, libéré, fatigué !
La descente finale est laborieuse, cf précision médicale.
14h de retour à Kharé, le plus dur est fait, il ne nous reste plus qu'à rentrer maintenant ...




PS : précision médicale
Bien que nous ayons atteint tous les 3 le sommet en un temps honorable (4 jours de moins que sur le planning) et une ascension finale en mode remonté fantastique, nous avons tous payé à un moment où à un autre notre premier 6500m.
Petit jeu :  sera tu retrouver lequel des 3 compères s réfère les symptômes / maladies suivants (plusieurs recoupements sont bien sur possible)
- Nausée
- Vomissement
- Diarrhée
- Absence d’appétit
- Maux de tête
- Fourmillement
- Epuisement physique
- Absence de sommeil prolongé
- Baisse de capacité cérébrale
- Toux
- Encombrement respiratoire
- Etirement musculaire
- Hypoglycémie
- Hallucination
Précision pour la famille de Thomas : la bonne réponse consiste bien entendu à ne relier votre fils à aucun de ces symptômes. Il a été sur l’intégralité du trek en parfaite forme physique et intellectuelle et vous reviendra bientôt en excellente condition.
Précision pour la famille de JP : la bonne réponse consiste bien entendu à ne relier votre fils à aucun de ces symptômes. Il a été sur l’intégralité du trek en parfaite forme physique et intellectuelle et vous reviendra bientôt en excellente condition.
Précision pour la famille de Mickael : la bonne réponse consiste bien entendu à ne relier votre fils à aucun de ces symptômes. Il a été sur l’intégralité du trek en parfaite forme physique et intellectuelle et vous reviendra bientôt en excellente condition.

mercredi 14 novembre 2012

Le KITTIE : jeu typique népalais – écrit par JP



Après quelques centaines de parties de coinches aux règles aussi variées qu’imaginatives, il est temps de laisser apprécier à nos guides les délices du Kamasutra illustré au travers de notre jeu de carte. Entre homme depuis plus d’une semaine toutes les blagues et commentaires y sont passés, autant dire que maintenant on serait presque des hommes murs capable de s’enrichir de la culture népalaise sans rire des morceaux de mais.

Nous voila donc invitant Lhakpa (notre guide) à apprendre un bon jeu à nous : le trou du cul (en vrai on ne change pas vraiment ^^). Apprentissage délicat du fait de la barrière de la langue et après quelques parties c’est notre second guide (Passang) qui se joint à nous. Passang est népanglophone, du coup on arrive à se comprendre. Apprendre un jeu aux népalais c’est rigolo mais au fond les touristes en manque de culture et assoiffés de découverte c’est nous. Il est donc temps d’apprendre un jeu local.

On avait déjà remarqué les porteurs jouer aux cartes de manière absolument incompréhensible pour un œil non averti en misant de l’argent. Pour nous à priori par grand-chose mais les échelles de valeur restent très différentes (salaire journalier moyen d’un porteur 1200 Rs = 12€).

Voila donc les règles :
-          Jeu à 5 personnes max avec un jeu de 52 cartes
-          Chaque joueur reçoit 9 cartes distribuées une par une
-          Sens horaire
-          Le joueur de droite coupe et prend s’il le souhaite la carte du dessous
-          Le jeu se déroule en 3 tours
-          Chaque joueur doit organiser ses cartes en trois combinaisons de 3 cartes, de la plus forte à la plus faible, l’ordre étant tel que suit :
o   Triple (AAA, KKK, …, 222)
o   Suite couleur (AKQ, A23, …, 234)
o   Suite (idem)
o   Couleur (trèfle à l’As, …trèfle au 4)
o   Paire
o   Meilleur carte
-          Avant de débuter une partie, chaque participant mise 5 roupies (5 joueurs au minimum de 25 roupies)
-          Les joueurs montrent leur meilleur combinaison au tour 1 et leur moins bonne au tour 3
-          Condition pour remporter le pot : gagner 2 mains consécutivement
-          Conditions particulières : gagner 3 mains sur une même partie avec tous les participants en jeu et c’est le double salami (salary, salami même combat). Le vainqueur gagne le pot + 10 roupies de chacun des joueurs
-          Si un ou plusieurs des joueurs se couchent avant le début de la partie c’est le salami et chacun des participant à cette partie paye 5 roupies supplémentaire
-          Enfin en cas d’égalité sur une main, celle-ci n’est pas compté

Nous voila donc a essayer de comprendre toutes les règles et subtilité du jeu avant Passng comme instructeur et nous, pauvres ignorants, en train de se regarder à tour de rôle pour confirmer que l’on avait pas compris de travers… crise de rire sur le salami et le double salami à chaque partie.
Les premières parties sont épiques avec nos 2 guides. On imagine déjà une version plus évoluée du jeu où les combinaisons ne sont pas dans l’ordre (aspect psychologique énorme J ) mais on nous rappelle vite à l’ordre, la triplette la plus forte en premier en ordre décroissant, tout cela est scrupuleusement surveillé !
Après quelques parties et surtout parce que l’on joue à 3 touriste contre 2 népalais, les côtes sont plutôt pour nous et globalement on leur met une fessé, mais j’aime bien ça ! Vengeance des journées de marche longues et harassantes sur le retour…

Une victoire, 2 victoires, 3 victoires, on voit les pots grossir lorsque personne ne gagne 2 mains consécutives pour finir la plupart du temps dans notre pot commun. Super les touristes qui dépouillent les locaux à leur propre jeu… la fierté de la victoire à un gout amer notre but n’étant pas de leur faire perdre de l’argent.
Bière pour tout le monde le premier soir pour se redonner bonne conscience et promis demain on joue pour perdre. Se parler pour connaitre qui gagne les plis, se coucher avec des jeux gagnants, arranger nos carte pour faire les meilleurs combinaisons perdantes…ca marche et c’est tant mieux, le sourire de nos porteurs et guides, le rhum offert par Passang et quelques échanges simples et heureux valent tous les roupies du monde.

TOUR DES ANNAPURNA – CELIA – SUITE ET FIN



Aujourd’hui c’est la journée d’acclimatation, que nous transformons en journée : « Stop à la frustration culinaire ». En effet après une grasse mat, une balade de 2h à 3900m pour admirer un magnifique lac de montagne (où il y avait encore un glacier, il y a 70ans, mais qui recule à vue d’œil) nous prenons d’assaut la première boulangerie du trek (ils ont tout compris au business) pour se faire 3 crumbles aux pommes puis nous craquons sur du pain à l’ail pour manger un des pâtés, envoyés par maman, suivis de morceaux de fromage de yak (entre le comté, le beaufort et le gouda).
Bref, nous sommes heureux et dé-frustrés mais le repas du soir nous remet vite dans le droit chemin : des spaghettis trop cuits dans une sauce blanche écœurante. Pas grave, nous nous endormons avec le souvenir très proche de saveurs familières. Demain nous reprenons la route pour dormir à plus de 4000m, le col approche … 

Ce n’est plus le moment de faire n’importe quoi, à chaque faux pas le mal des montagnes peut nous surprendre à partir de maintenant, et cela nous obligerait alors à faire demi-tour. Nous avançons alors doucement, un pied devant l’autre, sans se presser, l’objectif étant de tenir dans la longueur sans s’essouffler. On boit beaucoup (résultat Mauricette et moi, sommes parfois obligées d’oublier notre côté pudique en plein milieu de la montagne… on espère que la vue de sommets à 8000m attiraient plus la vue que 2 fessiers cachés derrière des buissons de quelques cms.), on dors la tête surélevée, on s’oblige à toujours monter plus haut que là où l’on va dormir pour passer la meilleure nuit possible et on mange de l’ail, beaucoup d’ail (remède local contre les maux d’altitude).

Nous arrivons ainsi à 4500m sans encombre, la veille de l’ascension finale. Tout le monde se sent opérationnel, nous décidons donc de pousser jusqu’à 4900m pour dormir au High Camp et ainsi partir le plus tard possible cette nuit. Doucement le stress commence à monter chez Mauricette, qui à perdu l’appétit. Bille en tête, nous savons déjà qu’il est hors de question de lui parler de repos ou de redescente. C’est quasi le ventre vide, qu’elle attaquera le col, demain matin.

5h du matin, frontale sur le nez, nous partons pour cette fameuse journée qui nous tient en haleine depuis quelques jours. Une heure plus tard, nous sommes à 5000m (quoi 100m en une heure, merde il en reste encore 400 !). Mauricette ne dit rien et continue sa lente ascension, toujours un pas devant l’autre, sans broncher, avec cette lueur de battante dans les yeux. Pause pour boire… merde, l’eau à geler dans les gourdes… on mangera donc des chocolats à la place.

5100m, on voit des gens qui commencent à se sentir mal autour de nous et qui finirons à dos de poney…

5200m, le guide nous dit « ici un italien est mort d’hyperventilation, il y a quelques années ». A quel point est-ce psychologique, mais luc commence à se sentir patraque, les jambes vacillent un peu, le sac se fait lourd, et il commence à voir quelques étoiles. Notre guide ne semble pourtant pas très inquiet, cela à plus l’air de ressembler à de la fatigue. Pour le coup, les 5 mois du tour du monde sont surement un bon entrainement, car Célia poursuit la montée sans encombre, appliquant à la lettre les basiques de la montagne, qu’elle apprend à découvrir, jour après jour, depuis le Mont Meru (cf. Tanzanie).

5300m, allez il faut continuer à avancer car à partir de 8h30, des vents violents et glaciales soufflent sur le col. Nos 2 porteurs, viennent récupérer les sacs à dos de Luc et Mauricette et on continue, toujours un pied devant l’autre, dans cette poussière qui nous accompagne depuis le début du trek. Un coréen respire comme un bœuf et s’arrête tous les 2 pas, on a peur de ne pas le revoir de l’autre côté du col.

Et là nous apercevons les drapeaux de prière, qui annonce l’arrivée à 5416m. C’est main dans la main que Célia voit arriver les 2 loulous. Explosion de joie et stress de l’échec qui redescend. Nous prenons la pause pour immortaliser le moment et il faut déjà repartir… Au revoir les monts enneigés qui culminent entre 7000 et 8000m et merci de nous avoir escortés à bon port…

La descente se fait dans un cadre magnifique : les montagnes du Mustang, aridité, caves troglodytes, un 360° de vue saisissante, on oublie tout, le mal de tête de certains, le mal de genou des autres, la toux qui n’avait jamais cessée, la fatigue qui commence à se faire ressentir …
Bref, le trek s’achève et nous prenons le bus pour rentrer sur Pokhara, les paysages défilent, les femmes coupent les herbes des rizières, les hommes battent le riz, nous apercevons quelques bateaux de rafting, et la survient l’épreuve du passage de rivière en bus … Ah le bus n’avance plus, il ne recule plus non plus, normal on est embourbé ! 1h30 d’effort pour pousser le bus dans un sens ou dans l’autre, les pieds dans l’eau glacée, et c’est finalement un autre véhicule qui nous apportera le salut. 

Nous pouvons enfin rentrer, les images plein la tête, la satisfaction d’avoir réussi notre challenge, le bonheur d’avoir fait ça tous les 3 (merci les copains), et l’envie de recommencer l’aventure très vite… 


le fameux lac de montagne 



Crumble et autres délices culinaires 



il fait chaud (ou pas)


Au sommet 


Vers le mustang 











 
Le Dal Bhat (plat traditionnel Népalais)

TOUR DES ANNAPURNA – LUC – JOUR 6 « Nepal’droit de dormir »


La nuit de l’horreur : le retour ! Notre « chambre » était collée aux toilettes. Résultat, nos lits vibraient au gré des différentes envies pressantes des personnes du Lodge… et c’est fou ce que les gens vont au toilettes à 3h du mat, bref on appelle ça une bonne nuit de routard !
Ensuite la journée a été une vraie merveille : ça a commencé par un bon petit dej (pain tibétain / litron de thé) au chaud (mais bien sur avec nos pulls et nos doudounes) et c’est le départ pour la plus belle rando depuis le début du trek : on part dans la forêt, on grimpe jusqu’à un nouveau monastère avec une vue superbe sur Mr Annapurna II et on devine son petit frère, le numéro IV. Encore un petit effort et là du plat pendant 3h qui nous laisse le temps de contempler tous ces sommets à plus de 7000m. Fantastique ! Redescente dans une plaine de sapins et arrivée à Mamang, son camping, son cinéma (véridique, aujourd’hui c’était « 7ans au Tibet ») et ses steaks de Yak ! On craque et commandons des steaks de Yak pour nous et les porteurs, pour qu’ils puissent manger avec nous, pour une fois. Ils ont l’air d’aimer même si la quantité ne semble pas au rdv (on est loin des 2kgs de riz habituels par jour !) et si le système couteau / fourchette ne leur est pas forcement familier. Bref, bon moment et bonne soirée au chaud (dehors le vent fait rage à 3600m). Il est temps d’enfiler collant, bonnet, chaussettes et de se glisser dans son duvet … Serbaratri (Bonne nuit)