Une fois n’est pas coutume, nous avons rendez-vous au Nord
du Laos avec un italien de Vérone rencontré il y a quelques mois au Malawi.
Pour arriver à notre point de rendez- vous il nous faudra
effectuer 2 jours de barque sur le Nam Ou, un affluent du Mekong. 2 jours à
entendre à 1 mètre de nous le moteur du bateau ronronner (ou plutôt rugir) pour
remonter le courant, à essayer de trouver une position confortable sur notre
petite planche de bois, à bouquiner et à admirer le paysage et la vie au bord de
ce fleuve (les enfants qui se baignent, les pêcheurs debout sur leur barque de
fortune, les femmes qui attendent un
bateau pour aller vendre ou acheter de quoi manger en ville, etc.)...ça change
du bus et nous n’avons pas été malade...
Bref au bout des 2 jours nous arrivons à bon port avec le
bourdonnement du moteur qui mettra quelques heures à disparaitre de nos
oreilles. Nous retrouvons Fédérico, qui a pris soin de mettre dans ses bagages
des spaghettis, du pesto et du vin italien…il est désolé d’avoir oublié le
parmesan, mais nous sommes aux anges et un peu surpris qu’il se soit souvenu de
nos envies de l’époque ;-) Nous gardons ce repas pour le nouvel an que
l’on fêtera surement ensemble (si l’on arrive à trouver un moyen de faire cuire
les pates). En effet nous partons demain pour 5 jours de trek dans le Nord du
Laos où les nuits se font dans des villages d’ethnies minoritaires du coin.
Nous ne savons pas trop si cela va nous plaire et si nous serons à l’aise car
l’idée nous dérange un peu, mais comme Federico a déjà booké le trek nous ne
posons pas trop de question…Et puis le visionnage de « rendez-vous en
terre inconnue » au Vietnam chez les lolos noirs avec Frédéric Michalak il
y a quelques semaines nous motive aussi un peu (on vous le conseille d’ailleurs
vivement si vous ne l’avez pas déjà vu il est complet sur youtube;-)
Nous rencontrons nos deux autres compagnons de voyage pour
les prochains jours et notre groupe qui ne parait pas du tout homogène au
premier abord nous réserve de bons moments et de bonnes surprises…c’est
d’ailleurs tous ensembles que l’on ira diner du sticky rice (que nous mangerons
d’ailleurs au petit déjeuner comme au diner pendant tout le trek) pour aller
fêter l’anniversaire de Mickael:
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Federico, italien, prof de sport de 63 ans, qui
marche plus vite que l’éclair et qui ne tient pas en place plus de 30 secondes, revient pour la
3eme fois au Laos pour aller voir les femmes des ethnies minoritaires qu’il
trouve si belles (et il n’a pas tord)
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Claudia, allemande de 43 ans qui a lâchée son
boulot et son homme depuis quelques années pour prendre du temps pour elle et
voyager jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus ou ne veuille plus, d’une douceur
incroyable et avec un rire communicatif qu’elle utilise toutes les 5 minutes
- -
Gary, anglais de 52 ans qui a déjà parcouru un
nombre incroyable de pays, avec sa petite bedaine et son humour très british,
et qui vous déconcerte quand il se met à imiter des enfants qui dansent le
break dance
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Et nous …
Le trek se passe à merveille, nous passons dans des sentiers
au milieu de la jungle, sommes immergés dans une nature verdoyante et nous
réveillons quasi tous les matins au dessus d’une mer de nuage qui rend les
villages un peu enchantés…où en plein milieu de la brume !
SI l’arrivée au village reste délicate (tout le monde se
regarde un peu en chien de faillance), tout le monde semble se détendre au fil
des heures… les villageois ne semblent d’ailleurs pas mécontents de voir
débarquer des touristes car ils sont synonymes de revenu complémentaire (nuit,
repas, vente de handicraft, etc.). Nos deux quinquagénaires mitraillent de
photos ces visages magnifiques… nous avons du mal avec cela, surtout que l’on
sent qu’elles ne sont pas toujours partantes, mais prévoyons néanmoins de leur
récupérer ces même photos, est ce mieux ?
Village des Akha pixo - nuit :
La nuit ressemblent à une nuit en pleine bassecours (toute
sorte d’animaux vivent à leur gré au milieu du village) et il est difficile de
trouver un peu d’intimité pour se débarbouiller au puits du village. Les
enfants crient de toute leur force « bye bye » toutes les 3 secondes
ou alors « ok ok » dans l’espoir de voir en retour nos mains leur
faire coucou…Les femmes sont magnifiques et de manière un peu surprenante de
nombreux hommes portent leurs enfants sur le dos et passe la journée à les
câliner…
Village des Akha Mouchi – midi le 31 décembre:
C’est aussi le nouvel an pour eux alors nous avons la chance
de croiser tous les enfants en tenu traditionnelle. Comme à chaque repas nous
avons droit à de nombreuses tournées de « lao lao » alcool de riz
local (aussi bon que la vodka ouzbek à 50 centimes la bouteille) et nos hôtes,
un peu éméchés se lancent dans un karaoké endiablé…autant vos dire que l’on ne
trainera pas ;-)
Village des Akha Epa – soir le 31 décembre :
Ce soir c’est le nouvel an ! Et pour nous rappeler un
peu la France nous sommes en plein dans la brume, il pleut et il fait froid…
Nous arrivons dans un village reculé où il n’y a ni eau ni
électricité. Nous venons nous réchauffer auprès du feu qui enfume toute la
maison (aucune aération n’est prévue mais c’est sans doute mieux ainsi pour les
moustiques), Célia avec les femmes et Mickael avec les hommes. Les femmes de ce
village portent une tenue qui laisse apparaitre généreusement leur poitrine et
Célia se sent un peu décontenancée quand les 3 femmes autour d’elles se mettent
à secouer leurs seins dans sa direction en lui demandant quelque chose… elle
finira par se dire (peut être complètement à tord) qu’elles voulaient savoir si
elle avait des enfants…
Arrive le repas…certes nous mangerons le fameux riz collant
mais nous avons aussi des choses à leur faire découvrir. Sous leurs yeux
curieux Fédérico préparera des pates au pesto aldente, puis leur fera découvrir
des dattes et des figues séchées pour finir par des ferrero rocher… Tout le
monde rigole en analysant très finement à la lampe torche ces mets inconnus…et
ce sera le chocolat qui remportera les faveurs du public. Un réveillon
unique !
Nous allons nous coucher sur notre planche de bois dans
notre maison en bambou… il n’est que 15h en France mais nous pensons à
vous : BONNE ANNEE A TOUS !
Village des Akha Loma : déjeuner et diner du 1er
janvier
Toujours ces femmes si belles, qui essayent de faire acheter
à Célia des bouts de leurs habits traditionnels...elle fera fureur le reste de
la journée avec ses boucles d’oreilles à pompons fluos. Pas sur que ce soit la
mode sur Paris !
Et le soir nous avons le droit à un poulet décapité et plumé
devant nos yeux…nous avons ainsi pu constater qu’ils mettent tout à cuire, des
pates aux intestins…
Partir marcher 5 jours dans une partie un peu plus reculée
du Laos nous a fait bien plaisir. Les retrouvailles avec nos vieux amours (trek,
effort, traversée de rivières, nuit sommaire chez l’habitant, conditions
spartiates, …) nous ont fait le plus grand bien.
Malheureusement, nous avons été une fois de plus déçu par
l’agence de trekking et le guide. Ce dernier ne parlait pas la langue des
tribus rencontrées (au contraire certains d’entres eux parlaient lao), ne nous
a rien appris de nouveau sur leurs us et coutumes et ne semblait pas porter un
grand intérêt à leur mode de vie. Pire, avec son téléphone portable dernière
génération, ses habits de marque, ses écouteurs en permanence branchés sur les
oreilles … il semblait davantage donner aux jeunes des villages, un idéal
accessible, en leur montrant avec dédain ce qu’un nouveau laotien pouvait et
devait être… Peut être sommes nous, tout simplement encore mal tombé.
Peu importe la compétence du guide, sa présence seule
conduit à réduire ou fausser les interactions. Le guide qui conduit les touristes que nous
sommes, directement à l’hôte d’un soir et assure pour eux les besoins fondamentaux
a pour effet de réduire à presque néant l’échange spontané. Même les villageois
les plus aventureux qui d’habitude aiment à venir vers nous, se sont auto
restreint ces 5 jours, de peur de gêner les familles désignés comme hôtes.
Il n’en reste pas moins que, de loin, les ethnies que nous
avons croisé ici, sont les plus belles (habits colorés, ornements, bijoux,
coiffures recherchées, …) de toutes les populations encore authentiques que
nous ayons eu l’occasion de voir durant notre périple.